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Moussa Maman Bello, psychiatre, praticien traditionnel et maire de Karimama : L'interculturel comme dynamique de développement.

Moussa Maman Bello

" Sans idéaliser la démarche interculturelle ni nier la tendance ethnocentriste du monde actuel, je pense que chacun d'entre nous peut puiser dans son patrimoine culturel, et dans son parcours de vie, oubliant préjugés et clichés, afin d'échanger, de partager et d'apporter sa contribution pour un monde plus harmonieux et plus équilibré. Pour y parvenir, il faut franchir ses résistances culturelles et arriver à délocaliser son regard. Il faut également éviter le piège du communautarisme, c'est à dire du repli identitaire. En effet, celui-ci creuse le fossé interculturel au lieu de le combler et sépare les différentes communautés au lieu de les rapprocher. Le miracle de l'interculturel c'est lorsque chacun fait un pas vers l'autre. Mais cette démarche suppose un préalable: pour s'ouvrir aux autres, il faut d'abord savoir qui l'on est et d'où l'on vient, être fier de sa culture et de sa langue. A partir de cet acquis, la curiosité du monde nous pousse vers les autres et les échanges peuvent se faire. Cette démarche est à l'opposé des idéologies nationalistes ou ethnicistes, qui rétrogrades, regardent vers le passé, et entraînent repli sur soi et exclusion. Cette dynamique permet à la fois d'intégrer au mieux les diverses composantes communautaires d'une nation, en proposant des objectifs communs (la démocratie, la laïcité, etc.); sans nier pour autant, la richesse de l'apport de chacun, prenant en compte la diversité des patrimoines historiques et culturels. Cette démarche sert également à établir de nouvelles bases pour la réalisation de projets de développement au Sud. En effet, elle ne s'appuie plus sur un paternalisme de type colonial, et elle essaie de s'extraire de la domination culturelle occidentale, pour créer un authentique partenariat dont le maître mot est respect. "

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